samedi 6 septembre 2008

Explicitation des connaissances : Dilemme !

Mes apprenants se plaignent parfois de ne pas disposer d'assez de supports de cours.

En effet, je ne leur fournis que rarement une synthèse toute faite.
Je préfère concentrer mon action sur la conception d'activités pédagogiques signifiantes : je m'évertue à créer des scénarii qui mettent en avant la méthodologie pour mener à bien une tâche.

A chaque étape, je tente de mettre en lumière :

  • les connaissances suffisantes et nécessaires pour avancer ;
  • les outils susceptibles de faciliter la tâche.

Mes apprenants sont alors libres d'utiliser les supports fournis à ces occasions, libres de prendre des notes, de rédiger un compte rendu.
Il semble cependant qu'ils n'aient pas, la maîtrise des techniques, voire l'autonomie nécessaires.

J'ai donc cherché comment répondre à leur attente, dans le respect de mes intentions pédagogiques.

Dans un premier temps, je me suis intéressé aux traces d'apprentissage dont "l'écriture est une méthode de formation et d’évaluation de l’acquisition des compétences. Elle repose sur un travail personnel de l’interne et sur les échanges qu’il suscite avec ses enseignants."

Cette méthode est utilisée par le milieu médical, lors de la formation des internes.
Elle vise la rédaction du récit de situation complexe authentique (RSCA) dont les objectifs pédagogiques visant à développer :

  • la capacité à décrire une situation complexe ;
  • l'aptitude à se documenter ;
  • la capacité d'analyse critique ;
  • la capacité de synthèse ;
s'accordent avec mes pratiques.


Mes recherches m'ont alors conduit à aborder le concept d'entretien d'explicitation, complémentaire de celui des traces d'apprentissage.

"L'entretien d'explicitation constitue un ensemble de techniques qui ont pour but de favoriser, d'aider, de solliciter la mise en mots descriptive de la manière dont une tâche a été réalisée."

Cet outil permettrait à l'apprenant de se décentrer, de prendre du recul, d'analyser ses pratiques, de prendre conscience de son cheminement afin :

  • de le ré-utiliser, y compris dans un contexte différent,
  • d'échanger plus aisément à son sujet.
Intégrer, les techniques d'explicitation, dans une pratique pédagogique, devrait permettre d'inciter mes apprenants à produire eux-mêmes le support de cours qu'ils me réclament.

Dans quelle mesure faut-il pousser cette intégration ?

Dans le complément apporté à son billet sur l'approche par compétences à l'université, Amine TEHAMI (merci à Florence MEICHEL de me l'avoir indiqué) cite Philippe PERRENOUD :

"L’école est un lieu très peu intime. [...] Il est très difficile d’apprendre à jongler ou à taper à la machine sous le regard de quelqu’un.
Pourquoi serait-il plus commode d’apprendre à conjuguer, chanter ou tracer des angles droits en s’exposant au regard des camarades et de l’enseignant ?".

N'y-a-t-il pas un risque de renforcer ce manque d'intimité en invitant mes apprenants à expliciter leurs pratiques et leurs connaissances ?

L'explicitation systématique ne peut-elle être contre-productive ?

Puis-je, à titre de moyen terme, les inciter à expliciter mais pour eux-mêmes, sans obligation de me faire part du résultat ?
Mais dans ce cas, comment évaluer, percevoir leurs cheminements afin de les accompagner ?

Pouvez-vous m'aider à répondre à ces questions ?

2 commentaires:

Meichelf a dit…

je ne sais plus si article en parle mais je crois que la confiance est intimement liée aux capacités d'accueil de l'enseignant : congruence, empathie, acceptation positive sans condition (ROGERS)...est-ce compatible avec une évaluation ? c'est une bonne question !

Florence Meichel a dit…

en tout cas elle devrait concerner la dimension meta du processus d'apprentissage (apprendre à apprendre)et non son résultat...