Les cahiers pédagogiques sortent un nouveau dossier : "Aider à mémoriser".
On peut notamment y lire :
Rechercher le « bon » guidage de l’attention
Ces difficultés d’intégration en mémoire des différentes sources d’informations peuvent être facilitées par une mise en forme adaptée du document. Certaines de ces mises en forme ne sont pas propres aux documents électroniques, il s’agit par exemple de tous les moyens qui vont permettre le guidage de l’élève dans l’illustration (des flèches par exemple) mais aussi le passage du texte vers l’illustration (par exemple en déplaçant des zones de texte directement sur l’illustration).
D’autres solutions en revanche sont spécifiques aux documents présentées sur ordinateur. Ainsi, dans une série d’études menées à Rennes, nous avons pu montrer l’efficacité de documents utilisant des zones de textes interactives présentées au bon endroit sur l’illustration. Ces documents sont encore plus efficaces lorsqu’ils guident l’élève dans sa lecture de l’image en présentant ces zones de textes de manière successive, l’empêchant ainsi de les consulter dans un ordre erroné comme c’est le cas lorsqu’elles sont toutes présentes au début de l’apprentissage.
Dans une autre série d’études, nous avons cherché à améliorer le niveau de compréhension d’élèves et d’étudiants dans des situations où ils tentent de comprendre un document constitué d’illustrations accompagnées d’explications orales, par exemple dans une situation de cours avec un vidéoprojecteur. Dans ce cas, pour comprendre, il faut tenter de repérer très rapidement à l’écran les parties de l’illustration évoquées à l’oral. Cette recherche visuelle peut être suffisamment complexe pour que les élèves soient amenés à traiter de manière totalement asynchrone ce qu’ils voient et ce qu’ils entendent. Dans ces études, le simple fait de présenter successivement les différentes parties de schémas ou de les faire clignoter au moment où elles étaient évoquées pour faciliter la recherche visuelle à l’écran a permis d’améliorer l’apprentissage dans des proportions non négligeables. Ce type d’animations permettant le guidage de l’attention des élèves à l’écran n’est évidement pas possible sur un document imprimé.
Les résultats de cette dernière étude ne signifient toutefois pas que toutes les animations multimédias sont toujours efficaces. Sur ce point, les études réalisées en comparant par exemple une ou plusieurs illustrations présentées de manière statique sur une feuille ou un écran à une animation multimédia du même contenu révèlent que ces dernières ne sont pas nécessairement plus efficaces en termes d’apprentissages alors qu’elles sont plus complexes à concevoir. En effet, même si elles permettent de montrer des informations qui sont implicites dans une illustration statique (par exemple le mouvement ou l’enchaînement de deux événements), elles ont aussi un certain nombre de spécificités qui peut compromettre leur compréhension, notamment le fait que l’information y est souvent présentée trop rapidement pour être intégrée en mémoire.
Ces études illustrent l’impossibilité qu’il y aurait à conclure à une quelconque supériorité des documents électroniques sur leurs homologues imprimés. L’idée défendue ici est que c’est une meilleure connaissance des nouvelles opportunités offertes par ces nouveaux médias, mais aussi une évaluation plus systématiques des nouvelles difficultés qu’ils entraînent, qui permettra non seulement de concevoir les documents pédagogiques plus efficaces, de mieux les utiliser dans les classes, mais aussi de mieux enseigner leur usage aux élèves.
Cette réflexion rejoint mes nombreuses interrogations sur la rédaction des consignes d'une activité (1, 2, 3, 4) et témoigne de la nécessité de rédiger des consignes en tenant compte de la globalité des choses, et notamment, la mise en forme, mais aussi la disposition, le positionnement, la finalité de la consigne par rapport à son objet.