L'historique de mes lectures de ces dernières semaines, confrontés à certains évènements récents me conduit à m'interroger sur la notion de gratuité.
Ma réflexion débute avec ce billet de MissMath qui s'agace de devoir réduire ses exigences pédagogiques face à la fonctionnarisation de ses étudiants.
Elle constate qu'il est de plus en plus difficile de motiver ces derniers.
Selon elle, mais je partage cette vision, nos étudiants considèrent les études comme un travail, qui débute à heure fixe, se termine à heure fixe, si possible sur une durée la plus courte possible...
Dans ces conditions, quid de la valeur du travail ?
Cet agacement prolonge une réflexion de Missmath qui cite l'argument ultime d'une de ses collègues face à un élève peu motivé par les maths :
Le décors est planté : on vient à l'école comme on va au travail.
La différence ?
Le mode de rémunération : "Travaille bien mon fils, tu auras ton diplôme !"...
Dès lors, faut-il s'étonner que les pouvoirs publics envisagent de rémunérer les élèves pour lutter contre l'absentéisme ?
L'étudiant n'apprend pas par plaisir, voire pour s'assurer un avenir meilleur, il apprend parce qu'il est payé pour çà !
Ma réflexion se prolonge avec ces deux billets de Maxime GRANDCHAMP :
On peut y lire, en substance, que rien n'est jamais gratuit : ce qui est gratuit pour le consommateur, ne l'est pas pour l'entreprise !
Je continue ma réflexion à partir du vécu développé avec mes élèves de 3ieme : j'aborde avec eux la notion de logiciel libre et leur demande une définition.
La réponse est quasi unanime, c'est un logiciel gratuit.
Richard Stallman a dû se retourner dans sa tombe...
A propos de logiciel libre, François GUITE, sur son fil Twitter, s'interroge :
Dans ce cas, comment financer une campagne de promotion pour un produit né de l'altruisme d'une communauté qui, par le biais du Copyleft, conçoit, un produit afin que chaque utilisateur reste maître de son outil.
Selon moi, la confusion de mes élèves vient des pratiques qui se développent dans ce qu'il est convenu d'appeler l'économie du libre.
Le produit appartenant à tout le monde (Copyleft) en général et personne en particulier, n'aurait-il pas de valeur marchande ?
Afin de rentabiliser l'altruisme initial, la tendance est de vendre des prestations pour faciliter la mise en oeuvre de ces outils libres.
A ce stade de ma réflexion, nous voilà revenu au point de départ de mon billet : l'embardée d'une discussion sur Twitter.
En fait, à l'origine de cet avis de tempête, est un billet de David CORDINA sur Apprendre2.0 annonçant la tenue d'EDUCAMP 2010 où, par le biais d'un commentaire, puis d'un billet, Florence MEICHEL soulève la question de la gratuité des interventions des intervenants...
"pour créer des évènements "gratuits", les organisateurs font l'impasse sur la rémunération des différents acteurs !
Alors bien sur, quand les intervenants sont des fonctionnaires comme ceux qui travaillent dans l'éducation nationale, cette contrainte n'en est pas vraiment une puisqu'ils sont payes a la fin du mois de toute façon...
La situation est très différente lorsque les intervenants relèvent d'un statut plus précaire comme celui par exemple du free-lance ou de l'auto-entrepreneuriat !"
Tout d'abord, je tiens à rappeler que l'état rémunère les fonctionnaires pour au moins deux raisons :
- faire le travail qu'il lui confie ;
- faire le travail qu'il lui confie sans subir la pression des divers acteurs davantage préoccupés par la défense de leurs intérêts que de celle de la communauté.
Dans la société occidentale actuelle, celle dans laquelle je vis, tout est devenu monnayable, rien n'est gratuit, en dépit des apparences...
Que l'on me reconnaisse au moins le droit de faire don de mes prestations intellectuelles lorsque l'on me fait l'honneur de les solliciter !
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