Contrairement à Missmath, ma charge individuelle de travail était très importante cette année.
Je cumulais :
- de nombreuses heures de cours, avec de nouvelles classes ;
- la responsabilité de la bonne marche du réseau informatique du lycée.
Ma présence sur ce blogue a donc été réduite à la portion congrue...
Celles et ceux qui suivent mes fils Twitter, FriendFeed, Google Reader voire même mon tout nouveau profil G+, ont eu un aperçu de mes lectures cette année et ont pu en déduire mes centres d'intérêts du moment.
En revanche, je n'ai partagé aucune de mes réflexions relatives à la pédagogie.
Je vous propose un bilan de cette année.
Les habitués de ce blogue connaissent ma philosophie de travail (1, 2, 3, 4) et l'outil sur lequel je m'appuie.
Cette année scolaire donc, j'enseignais en 4ième, 3ième, Seconde, BacPro...
- J'ai soumis chaque classe à un quiz de satisfaction.
Chaque élève devait exprimer, anonymement, si il était d'accord (Note = 4) ou en désaccord (Note = 1) avec chacune des 20 affirmations.
Le tableau ci-dessous présente la moyenne obtenue pour chaque question, indépendamment de la classe, puis pour chaque classe.
Pour en faciliter la lecture, j'ai associé une échelle de couleur à l'échelle d'évaluation :
- Rouge pour une moyenne <= 2.5 ;
- Jaune pour une moyenne comprise entre 2.5 et 3 ;
- Blanc pour une moyenne comprise entre 3 et 3.2 ;
- Vert pour une moyenne supérieure à 3.2.
Résultats du Quiz de Satisfaction |
- Cette année, pour la première fois, j'ai utilisé une grille d'évaluation basée sur les items du B2i Collège et du B2i Lycée.
Chaque exercice a fait l'objet d'une correction individualisée en temps réel : Installés devant le poste d'un élève, nous corrigions ensemble le document produit à l'aide de la grille d'évaluation.
Chaque élève pouvait donc défendre son travail et par conséquent influer sur l'appréciation que je portais.
Je dois dire qu'ils ont été tous très honnêtes et conscients de la qualité de ce qu'ils avaient produits.
Pourtant, en dépit de cette procédure, il semble (Q4 du Quiz), qu'ils ont quelques difficultés à comprendre le processus d'évaluation auquel je les ai soumis.
Ils n'en tirent pas pleinement profit (Q11 du Quiz).
Ils reconnaissent néanmoins la cohérence entre le cours dispensé et la grille d'évaluation (Q5 du Quiz).
Extrait de la grille d'évaluation |
- En dépit du soin que j'apporte à la rédaction de mes consignes de travail (1, 2, 3, 4), il semble que je doive encore progresser (Q6 et Q7 du Quiz).
Mes activités pédagogiques ne sont pas (?) en cause en elles-mêmes (Q7, Q8, Q9, Q10 du Quiz), mais je dois améliorer la façon dont je propose de résoudre les problèmes soumis (Q12 du Quiz).
J'enseigne la bureautique. Trouver des thèmes susceptibles d'intéresser le plus grand nombre est un casse-tête.
J'ai résolu de faire travailler mes élèves sur des contenus méthodologiques :
* Ils doivent par exemple résumer sous forme de diaporama un document qui présente les 10 Erreurs à éviter lors de la conception d'un diaporama ;
* Ou bien encore, mettre en valeur, à l'aide d'un traitement de texte, le contenu d'un document donnant des conseils pour mieux gérer les emails.
Malgré cela, certains m'on reproché de choisir des thèmes trop éloignés de leurs centres d'intérêts (Q18 du Quiz).
Curieusement, ils sont à peine satisfaits de la quantité de documents bibliographiques que je leur transmets, certes uniquement sous forme numérique (Q15 du Quiz). - Je n'exige aucun travail personnel en dehors des cours (Ils m'en sont reconnaissants cf. Q14 du Quiz), mais je suis intransigeant sur le respect des délais pour rendre une production...
Chacun avance à son rythme à l'intérieur du cours, ce qui semble leur convenir (Q13 du Quiz). - Année de transition avec la co-existence en BacPro des élèves issus de Seconde (donc de la réforme du BacPro en 3 ans) et ceux issus de BEP.
Je note une très nette différence de maturité entre ces deux populations.
Les élèves issus du BEP témoignent d'une maturité plus marquée, tant au point de vue méthodes de travail que compréhension des problématiques professionnelles.
En raison des stages en entreprise effectués durant le BEP, ces jeunes ont une perception plus motivante des connaissances théoriques qui leur sont proposées. Les élèves issus de Seconde n'ont pas encore eu l'occasion de percevoir l'intérêt professionnel des cours théoriques et leur motivation à apprendre s'en ressent. - Quelque soit la classe, je note une évolution du comportement des jeunes vis-à-vis des outils du Web2.0 en général.
Il y a encore deux ans, ils étaient nombreux à avoir un blog (en majorité sur SkyBlog).
Aujourd'hui, ils ont quasiment tous un compte Facebook.
Leurs publications ont évolué : Ils rédigent encore moins, mais sont davantage interactifs entre eux.
Ils partagent leurs photos des bons moments communs, n'hésitent pas à partager des liens de vidéos marrantes...
Et surtout, ils ont beau être dans la même pièce, voire même assis l'un à côté de l'autre, ils communiquent via FaceBook ou par SMS !!!
Ils consomment du contenu, des divertissements.
Ils ne semblent pas choisir en fonction de la qualité, mais davantage de la capacité à délirer à plusieurs sur le sujet.
Leur participation à un réseau social semble avoir occulté toute autre activité et notamment, la recherche d'informations en rapport avec leurs apprentissages.
Ils semblent avoir conscience des dangers qu'ils courent quant à la gestion de leur identité numérique, mais, cette conscience n'est pas suffisante pour les amener à modifier leur pratique : l'insouciance de la jeunesse ? - Concernant leur utilisation des outils bureautiques, ils n'ont aucune curiosité, par exemple, ils n'utilisent quasiment jamais l'aide en ligne des logiciels pour acquérir une connaissance qui leur manque (Q16 du Quiz).
Je l'évoque ci-dessus, ils ne produisent/rédigent quasiment rien, ils ne perçoivent donc pas l'intérêt d'investir sur ces outils dont les fonctionnalités avancées (celles qui facilitent la vie des utilisateurs assidus) leur paraissent bien trop compliquées à mettre en oeuvre.
Il m'a été très difficile de les inciter à les utiliser, même pour leur rapport de stage (Q17 et Q20 du Quiz) !
Le tableur est l'application qui leur pose le plus de problème, non parce qu'ils le trouvent compliqué, mais parce qu'ils n'en perçoivent pas l'utilité...
- Afin de redonner de l'intérêt au tableur, j'envisage de les faire travailler sur des données issues d'un questionnaire anonyme que chacun remplira en début d'année.
Si vous avez d'autres idées de question, je suis preneur.
Si vous avez d'autres idées d'activités motivantes pour utiliser un tableur, je suis preneur ! - Je persisterai dans le choix de documents méthodologiques comme support de travail, mais, je proposerai, plusieurs thèmes pour chaque activité, chacun choisira celui qui lui convient le mieux.
- J'envisage de leur proposer d'évaluer et d'intégrer dans mes "notes" les documents réalisés dans d'autres matières, qu'ils voudront bien me soumettre.
- Bien sur, je tenterai d'améliorer mes pratiques afin de tenir compte des difficultés qu'ils ont exprimé.
Et vous, quel bilan faites-vous de vos pratiques ?
4 commentaires:
"je note une évolution du comportement des jeunes" (...) "ils ont beau être dans la même pièce, voire même assis l'un à côté de l'autre, ils communiquent via FaceBook ou par SMS !!!"
En somme, des jeunes qui ne se parlent même plus entre eux. En tant que prof, n'avez-vous pas pour objectif d'amener vos élèves à devenir des citoyens aptes à la vie en collectivité ?
"Ils ne semblent pas choisir en fonction de la qualité, mais davantage de la capacité à délirer à plusieurs sur le sujet. (...) Leur participation à un réseau social semble avoir occulté toute autre activité et notamment, la recherche d'informations en rapport avec leurs apprentissages."
En gros, Facebook est devenu l'unique vérité. Et la pluralité des sources, l'éveil au sens critique ?
Bonjour "Anonyme"...
En tant que prof, j'ai le devoir d'amener les jeunes à réfléchir, à faire des choix fondés, non à leur imposer une vision du monde.
Je soumets des constatations, je ne prends pas position pour l'une ou l'autre des orientations évoquées.
Vous sous-entendez une vision de la vie en collectivité basée sur une relation réelle, physique, or, il existe désormais d'autres collectivités tout aussi réelles pour leurs membres, auxquelles il me faut aussi préparer mes élèves.
Vous évoquez la pluralité des sources, elle s'applique aussi à ce cas de figure.
Votre vision de Facebook m'apparaît très manichéenne...
Diverses lectures vous permettraient sans doute de découvrir d'autres aspects de Facebook plus constructifs.
L'outil en lui-même n'est jamais nuisible, c'est son usage qui peut poser problème.
C'est pourquoi je m'interroge sur les moyens d'accompagner mes élèves dans leur réflexion et la construction de leur identité et de leur citoyenneté, tant réelle que numérique, en accord avec leurs objectifs personnels, dans le respect des fondamentaux de la société.
Peut-être pourriez-vous me soumettre des idées susceptibles de faire évoluer le contenu de mes cours et les outils associés tels que je les décris dans ce blog ?
Le défaut récurrent de l'enseignant, c'est souvent de ne pas être enseignable. Convaincu de détenir le savoir il accepte mal de se remettre en cause. Il n'y a qu'à voir votre réaction, vous semblez tellement enfermé dans vos certitudes, que plutôt que de répondre à la critique, vous préférez vous en prendre à celui qui vous critique.
Et si vous commenciez par écouter vos propres élèves ?
Une note moyenne de 2,82 à la question 17 (est-ce que les cours vous servent au quotidien) devrait vous alerter !
En gros, vos élèves vous trouvent très bon prof mais ils se plaignent d'apprendre des trucs inutiles... mais c'est un détail, mmmh ?
Peut-être devriez-vous commencer par leur parler un peu moins de Facebook et donner du sens à ce que vous faites quand vous enseignez vos programmes...
Donc, pour cette rentrée, vous pourriez leur apprendre des choses utiles et accessoirement empêcher l'usage du SMS et des réseaux sociaux dans vos cours. Mais c'est vrai que tenir sa classe n'est pas à la portée de tous les profs...
L'anonymat ? Oui, j'y suis attaché, ça permet de dire aux gens le fond de sa pensée sans craindre des représailles. Je suppose que votre enquête élèves était anonyme, elle-aussi, pour que les gamins se sentent libres de dire ce qu'ils pensent ? Aucune enquête n'est sincère si l'enquêteur est aussi un évaluateur et s'il a un pouvoir sur les enquêtés (dans votre cas, le pouvoir de notation et de sanction).
Une critique est bonne d'où qu'elle vienne, peu importe son auteur, du moment qu'elle repose sur le bon sens. Mais il y a des esprits chez qui le bon sens est une plante qui ne peut pas se développer car le "terrain" est trop rocailleux pour que les racines puissent se frayer un chemin.
A peine 20 minutes pour répondre à mon commentaire, je constate que vous êtes en permanence derrière l'écran, prêt à agir, le doigt sur la gâchette. Monsieur, il existe une vie réelle en dehors de l'écran. Réveillez-vous, débranchez la bécane, allez respirer l'air frais et vous changerez de regard sur l'enseignement.
Bonne rentrée.
Cher Anonyme, ais-je suffisamment attendu pour vous répondre ?
Vos propos témoignent d'une profonde méconnaissance de mes écrits (sur ce blog et ailleurs).
Plutôt qu'un long discours, je vous invite à passer une journée en cours avec moi, qu'en dites-vous ?
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